Quelle neurosagesse ? Ainsi s’intitule la troisième et dernière partie de cet ouvrage que nous résumons.

Rappelons au passage que la première partie nous a initié au monde des neurosciences en nous expliquant comment fonctionne le cerveau des prodiges, comment modifier notre école afin de plus épanouir nos cerveaux de prodiges (car nous en sommes tous) et les failles du cerveau, des opérations impossibles à réaliser par le cerveau.

Ensuite dans la seconde partie nous avons appris qui est le cerveau, comment il fonctionne – a priori. – Comment utiliser la neuroergonomie pour faciliter le transfert de la connaissance, améliorer notre système éducatif, mieux travailler et enfin comment la neuroergonomie est utilisée en marketing ou politique.

Les quatre pilliers du contenu du jour et leurs idées générales respectives seront :

  • Neurosagesse : importance de la sagesse pour l’humanité,
  • Neuromimétisme : imiter la nature pour être en harmonie avec elle
  • Neurorenaissance : intégrer l’humanité entière à l’avancée scientifique et technique
  • Exercice de gymnatiques de l’esprit : pour développer notre esprit créatif.

 

Isaac Asimov a rappelé qu’une civilisation qui produit beaucoup de connaissance et peu de sagesse est menacée d’autodestruction. Donc c’est bien de « connaitre » mais encore faut-il être sage. Comme le xxe siècle l’a abondamment démontré, on peut être fin technicien et inhumain.

Mon axiome de départ demeure que l’humain est plus grand que toutes ses créations, qu’elles soient hôpitaux, grandes écoles, armées ou États, et qu’il n’a jamais à se soumettre à elles, car il est plus noble qu’elles. Jamais une université ou un État n’a créé un humain. Mais un humain, lui, peut créer un État ou une université.

Idriss Aberkane par cette expression veut nous pousser à nous interroger sur le monde dans lequel nous vivons. Ceci afin de mieux comprendre l’emprise que les systèmes ont sur nous. Pour cela trois questions fondamentales : « Qui sert qui ? Qui contraint qui ? Qui meurt pour qui ? »

Ces questions sont des invitations à comprendre l’ensemble du système, des invitations à la neurosagesse.

 

NEUROSAGESSE

De nos jours, la connaissance mondiale augmente plus vite qu’un individu ne peut l’acquérir. Et si nous produisons énormément de connaissance (vis-à-vis de notre cerveau), nous produisons très peu de sagesse. Pire : nous adulons l’avancée technologique et négligeons la spiritualité et la sagesse. De ce fait, nous sommes philosophiquement immatures, ce qui fait de notre civilisation un danger pour elle‑même.

Ceci soulève donc le problème de la connaissance sans sagesse : plus on l’acquiert plus notre égo se renforce. Or sans conscience, la science n’est que ruine de l’âme. 

Ce problème pourrait être dû au fait que nous recevons des cours de philosophie, mais on ne nous enseigne jamais l’amour de la sagesse, sa quête. « Or, si notre civilisation n’enseigne pas la connaissance de soi, c’est justement parce que cette connaissance est subversive : le sage, en effet, c’est celui qui n’a besoin d’aucun système, qui marche hors de la caverne du conditionnement. »

Le savant sait résoudre des problèmes que le sage n’aurait jamais eus
Oui car le plus souvent le sage s'inspire de son entourage pour vivre, et cherche à vivre en harmonie avec lui, on parle de mimétisme. 

Oui, car le plus souvent le sage s’inspire de son entourage, pour vivre, et cherche à vivre en harmonie avec lui, on parle de mimétisme.



NEUROMIMETISME

Une des tendances du XXIe siècle est le biomimétisme. Ce mouvement, qui englobe philosophie, sciences, ingénierie, politique, économie et arts appliqués, n’a qu’un seul message : la nature est une bibliothèque, lisez‑la au lieu de la brûler.

Dans un contexte de capitalisme, d’industrialisation, de mondialisation, le message peut être retranscrit en : « Ce n’est pas à la nature de produire comme nos usines, c’est à nos usines de produire comme la nature. »

En effet le tort, c’est de croire qu’il faut choisir entre production et préservation de la nature. À travers la révolution industrielle, l’économie a trahi la nature. Elle doit réapprendre à respecter la nature, et elle va y gagner. Au xxie siècle, la nature et l’économie vont et devront travailler en synergie pour renouer avec la productivité et l’épanouissement.

L’économiste et entrepreneur Gunter Pauli nous dit : « Tout ce qui est bon pour vous et bon pour la nature est cher, tout ce qui est mauvais pour vous et mauvais pour la nature est bon marché : qui a conçu ce système ? »

Ceci va plus loin car l’humain n’a que peu de respect pour des choses merveilleuses qui lui semblent aller de soi. C’est valable aussi bien pour la nature que pour les nerfs. Un rayon de soleil, une eau pure, de l’air frais, un printemps qui surgit chaque année, un cerveau qui fonctionne…

Actuellement nous avons du mal à apprécier ce que nous pouvons obtenir pour rien, de sorte que toute notre économie, encore profondément immature, confond prix et valeur, valeur et rareté. C’est un tort. La vie est précieuse et nous avons quelque chose d’infiniment précieux en nous. Cette merveilleuse prise de conscience, salvatrice, libératrice anime notre neuronaissance.


NEURORENAISSANCE

La première Renaissance s’est trouvée à la conjonction de trois grandes redécouvertes : la redécouverte de l’imprimerie par Gutenberg, la redécouverte des Amériques par les Européens et les grandes redécouvertes scientifiques. Aujourd’hui, nous sommes confrontés à trois mouvements équivalents : Internet, l’exploration et les neurosciences.

La révolution industrielle est née de la démocratisation de cette première renaissance. L’imprimerie, le voyage en Amériques et les découvertes étaient accessibles à tous.

Pour donc avoir une nouvelle renaissance, le mode civil devraient être plus impliqué dans les trois découvertes actuelles suscités. Ces domaines ne doivent pas relever uniquement de l’expertise des scientifiques, de l’armée ou de quelques sociétés privées.

Mais attention à la pertinence de ces technologies. Il faut se poser la question : qui sert qui ? Si c’est la technologie qui sert l’humanité, tout va bien. Si c’est l’humanité qui sert la technologie, tout va mal. Autrement dit toutes ces technologies doivent contribuer à l’augmentation de l’homme. Mais l’auteur rappelle ceci :

Mais en assumant la sagesse, la meilleure augmentation de l’homme se fera de l’intérieur vers l’extérieur. C’est cela, la leçon du neuromimétisme : partez du cerveau, et donnez‑lui du levier, facilitez‑lui la tâche, asservissez‑lui vos systèmes, de sorte qu’il puisse être intraitable avec eux. […] La bonne augmentation de l’homme sera celle qui traitera nos nerfs comme s’ils gouvernaient un empire, qui exécutera parfaitement chacune de leurs directives, les démultipliera avec précision et fiabilité, fera en sorte que chaque opération mentale, chaque once de glucose utilisée par notre cerveau, soit amplifiée au maximum. C’est cela, l’augmentation de l’homme de l’intérieur vers l’extérieur.

Pour cela quelques exercices de "gymnastiques de l'esprit" sont proposés


SEPT EXERCICES DE GYMNASTIQUE DE L'ESPRIT

Pratiquez la subjectivité limpide

Pratiquer la subjectivité limpide, c’est savoir laver et mettre à nu son esprit. Si l’hygiène corporelle nous paraît évidente parce que nous sommes devenus conscients de notre corps, nous ne sommes pas conscients de notre mental. Eh bien, s’entraîner à une haute conscience de sa vie mentale, en faire une seconde nature, c’est ça, pratiquer la subjectivité limpide.

Savoir désinstaller une application

Notre cerveau possède des logiciels soit livrés à la naissance soit installés au cours de notre jeunesse. Ces « applications » sont téléchargées dans notre vie mentale sans que nous nous en rendions compte. Elles le sont spécialement par nos figures d’autorité : nos parents, nos éducateurs, nos institutions, notre presse, et bien sûr nos États. Pourtant, ils sont nombreux, les gens qui vivent toute leur vie avec les « pourriciels » (comme on appelle ces logiciels commerciaux inutiles qui font ramer nos ordinateurs) installés dans leur tête.

Si vous pratiquez la subjectivité limpide, vous identifierez les logiciels mauvais, inutiles, dangereux et castrateurs qui se sont installés dans votre mental à votre insu. Ils peuvent être anodins.


Passez de l'impuissance apprise à la puissance apprise

Un des logiciels mentaux négatifs, les plus destructeurs et les plus répandus dans l’humanité est l’impuissance apprise. « Je ne peux pas. » « Je ne le mérite pas. » « Je n’en suis pas capable. »  Il faut s’en débarrasser en essayant en répétition malgré les échecs.


Soyez un néophile délibéré

Lorsqu’on aime ce que l’on fait on a une persévérance à toutes épreuves. La meilleure façon de briser une chaîne de l’impuissance apprise, c’est l’amour, la passion, l’enthousiasme, qui encouragent la persévérance.


Pratiquez l'exploration, ou l'art de la flexibilité mentale

La pratique de la néophilie va vous amener naturellement à étirer votre vie mentale, comme on étire un muscle. Elle sera plus souple, plus adaptable, et donc capable de postures et de formes plus variées qu’avant cet exercice.


Pratiquez la méthode des lieux

Spatialisez votre pensée, jusqu'à faire de cette technique une seconde nature. Bâtissez-vous des palais interieurs, ainsi vous traiterez royalement votre vie mentale. Richard Francis Burton dis : "Fais de ta pensée un empire", c'est l'idée générale.

Réaliser des palais dans votre vie mentale va vous permettre de voir votre propre cognition devant vous. [...] Car en bâtissant des musées de vos propres savoirs, vous vous confirmez vos capacités et votre potentiel à vous-même.


Ignorez vos pairs !

Les pairs nous mettent à leur niveau mental, intellectuel, spirituel... Cela peut être positif ( "Si moi j'ai réussi, pourquoi pas toi ? " ) comme négatif ( "Si moi j'ai échoué pourquoi réussiras-tu ?" )

Cependant, tant que vous penserez en fonction des autres, vous ne serez pas libre. Si l’intelligence c’est la liberté, alors l’intelligence repose sur la capacité à penser par soi‑même, sans s’inquiéter de ce que pense autrui. Tel est l’état du véritable adulte, par opposition à l’enfant, qui s’inquiète systématiquement de ce que pensent les autres.